Réfléchir sur des questions de laïcité*


Introduction
Bien qu’ayant accordé une large place aux grandes questions de laïcité dans nos groupes CCBM ( Chrétiennes-Chrétiens de Base de Madrid) depuis 8 ans, notre commission se rend compte, au vu des commentaires qui nous parviennent, qu’il reste encore des points à éclaircir et des analyses à peaufiner avant d’atteindre un véritable consensus entre nous .
Et comme au sein des communautés nous avons atteint un niveau de maturité humaine et chrétienne suffisant pour reconnaître sans crainte que nous avons plus de questions que de réponses, nous envisageons de vous en soumettre un certain nombre qui pourraient vous être utiles dans votre réflexion personnelle ou collective, sur différents aspects de la laicité et de sa relation à notre propre expérience de la foi chrétienne au XXIè siècle.

Il ne s’agit en aucun cas d’un sondage ni d’un travail obligatoire, mais simplement d’une invitation à réfléchir, que chaque groupe peut librement utiliser ou pas, et seulement s’il le juge souhaitable.

Afin d’éviter de se disperser, nous vous ferons parvenir tous les quinze jours quelques unes des questions (une vingtaine au total), groupées par thèmes.
Vous pourrez nous faire parvenir toutes vos contributions à l’adresse mail de la commission laïcité This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.. Elles nous seront extrêmement utiles pour nous permettre de clarifier notre plan d’action .

Un grand merci à tous
la Commission Laïcité, octobre 2016

(Les questions, envoyées au fil du temps, ont été regroupées ci dessous en 6 thèmes.
Notons que plusieurs d’entre elles sont spécifiques au contexte espagnol, mais que chaque pays peut vivre des types de situations analogues- ndt )
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*(Le traducteur définit l’Etat Laïque comme celui qui permet à toutes croyances, religieuses ou non, de s’exprimer librement, dans la mesure où celles-ci respectent le bien commun et n’ empiètent en rien sur les droits fondamentaux des autres croyances - ndt).

 

I Rapports Eglise -Etat

1) Diriez vous qu’être ‘pour’ la laïcité est synonyme d’être athée, anticlérical ou agnostique ?


2) Êtes vous convaincu que la laïcité est un défi pour les chrétiens d’aujourd’hui qui optent pour une église et une société basées sur les principes d’égalité, de démocratie et de liberté de conscience ?
3) Diriez vous que les accords Eglise (catholique)- Etat (espagnol)
- sont à l’origine de l’ingérence de l’église catholique dans la sphère publique
- sont la base légale permettant le maintien de privilèges qui, dans une démocratie, devraient être abolis ?
Êtes vous en faveur de l’abrogation de ces accords, ou préfèreriez vous qu’ils soient simplement ajustés au cadre constitutionnel de 1978 ?
4) Vous êtes vous déjà demandé pourquoi l’État du Vatican (l’église catholique) n’a toujours pas signé la déclaration universelle des droits de l’homme, ce qu’ont fait 192 pays ?

II L’autorité

5) Diriez vous que  le pape doit continuer à être un monarque absolu, comme le stipule la Loi Canon ? Et que le Vatican doit rester un Etat ?
6) Diriez vous que  la seule interprétation valide de l’Evangile est celle du Magistère de l’Église Catholique? Et que nous devrions tous nous soumettre à son autorité ?
7) Pensez vous qu’en matière d’obéissance, l’autorité ecclésiastique a plus de poids que les arguments de la raison ?

III et IV Le sacré et l’engagement

8) Diriez vous que le projet de Jésus, plutôt qu’ un projet religieux, est un projet éthique qui prend en compte les exclus et les victimes d’un ordre social injuste ?
9) Diriez vous que les sacrements et le rituel ont la préférence, c’est à dire qu’il faut aller à la messe plutôt qu’aller à une manifestation pour soutenir le service public de santé ? Ou bien que nous sommes citoyens avant d’être croyants et qu’au centre de notre foi, il y a les êtres humains, le peuple, l’humanité souffrante, plutôt que Dieu seul ?
10) Diriez vous que ce que Dieu attend de nous n’est pas la prière et l’adoration, mais l’attention aux plus petits ?
11) Iriez vous jusqu’à dire que, dans le christianisme, il n’y a personne de sacré ni consacré qu’on doive traiter avec une déférence ou un respect particuliers ?

V l’école laïque

14) Pensez vous que la religion devrait être un sujet inclus dans le programme de l’école d’État, ou partagez vous l’idée que la religion devrait être transmise en dehors de l’école ?
15) Les droits universels à l’éducation et à la liberté de conscience sont inscrits dans les Droits de l’Homme. Pensez vous que ces droits soient respectés dans le domaine scolaire, et à égalité, quand les pouvoirs publics soutiennent et financent à la fois les établissements privés conventionnés et l’Ecole Publique ?
16) Etant donné que la plupart de ces écoles privées subventionnées appartiennent à l’église catholique par le biais de ses différentes institutions, les chrétiens devraient-ils accepter et justifier ce soit-disant « service public complémentaire », ou à contrario dénoncer un processus croissant de privatisation et exiger que l’État et l’Église Catholique donnent la priorité absolue à l’Education Nationale à tous les niveaux ?

VI Les femmes et l’église catholique

17) Ne vous semble-t-il pas choquant, c’est le moins qu’on puisse dire, que ce soient des cardinaux, des évêques et des prêtres qui conseillent les femmes en matière de comportement moral, sur les relations de couple, le sexe et la maternité ? Où et quand ont ils acquis l’expérience, le savoir, dans des domaines aussi spécifiques ?
18) Diriez vous que les théories féministes qui cherchent la libération effective des femmes sont pure « idéologie de genre », comme l’affirment nos évêques ?
19) Il y a des féministes qui, dans le cadre de d’égalité de traitement et de l’égalité des droits, exigent un prêtrise féminine dans l’église catholique.
Mais si, pour paraphraser Pikaza, « nous sommes tous prêtres du simple fait que nous sommes baptisés », cette exigence va-t-elle dans le sens de la libération ?
Ne peut-on pas dire la même chose de la tentative du Vatican d’instaurer un diaconat féminin ?
Traduit par Hugo Castelli Eyre et Christiane Bascou
Avril-Mai 2017