Participants : 45 personnes
1. Le cadre conceptuel du dialogue interculturel , défini dans le Livre Blanc du Conseil de l’Europe.
Lilia Bensedrine rappelle au groupe de travail les concepts-clés nécessaires à la bonne compréhension des processus en jeu dans le dialogue interculturel.
Pierre Dussère précise que l’enjeu fondamental de l’éducation au dialogue interculturel se situe dans l’apprentissage de l’altérité et de la diversité, par exemple en apprenant à écouter ce que les autres ont à dire, en permettant à chacun de se voir sous l’angle des autres. Différents contacts avec des organisations éducatives, incluses dans des Cités Interculturelles, illustrent ces conceptions du dialogue interculturel (voir le projet intitulé « Mosaïc » à Mélitopol en Ukraine et les activités  du Centre "Mondinsieme" à Reggio Emilia en Italie.). Le GT travaille actuellement à l’élaboration de quelques recommandations pour développer l’éducation au dialogue interculturel.
2. L’intervention de Monsieur Ahmed El Khannouss, premier échevin de la commune de Molenbeek (Ville de Bruxelles)
M El Khannouss et des membres de la Fédération marocaine des organisations démocratiques ont été consultés par la présidente de la Conférence des OING, lors d’une visite dans une agglomération soumise à de vives tensions après la vague d’attentats de 2016. M El Khannouss rappelle les données économiques et sociales dégradées au sein de sa commune, en particulier le chômage des jeunes qui peut atteindre un taux de 50%, terreau pour des phénomènes de délinquance, plus que de radicalisation. Il attire l’attention sur les connotations négatives du terme de « migrants » accolé à des publics qui sont belges depuis trois générations.
M El Khannouss a répondu à deux interrogations portant sur le rôle de l’école puis des associations dans le développement du dialogue interculturel.


L’école est le lieu de la formation à l’esprit critique et à l’attitude de décloisonnement afin de ne pas se laisser enfermer par des discours simplistes. L’école est aussi un lieu de formation à la connaissance de l’autre, différent de nous. L’élu municipal cite les projets de voyages qui illustrent cette conception de la formation scolaire : en particulier un voyage à Auschwitz pour répondre au besoin de formation à la « mémoire ».
Les associations ont un rôle majeur pour réduire les phénomènes de « retranchement » observables dans certains quartiers. Elles participent au projet communal de « Maison des cultures », afin que cette maison soit celle de toutes les cultures, en particulier lors de la programmation des spectacles. Les femmes bénéficient grâce aux associations de séances de sport et d’éducation physique.
3. L’intervention de Monsieur Slim Hardial, assistant de service social au Centre d’accueil des demandeurs d’asile (CADA) de la ville de Colmar.
Monsieur Hardial distingue trois modalités d’inscription des nouveaux arrivants dans le tissu local : l’assimilation, l’intégration et privilégie l’insertion définie comme la démarche de l’individu qui vient avec ses attentes et réciproquement, apprend à se conformer à celles de la société tant sur le plan économique que sur le culturel.
L’insertion des migrants subit la pression médiatique appelée « l’effet du direct», très défavorable à un recul critique. L’assistant de service social note un phénomène sans précédent de « peur de l’étranger perçu comme dangereux, tel un prédateur ».
Comment mieux vivre ensemble dans un tel contexte : davantage de tolérance mais surtout davantage de cohabitation, c-a-d de coexistence réelle : par exemple inciter l’émigré à s’intéresser à l’histoire locale, par exemple « une soirée avec une famille alsacienne». La dimension essentielle : toujours plus de solidarité. Il est nécessaire qu’il y ait des projets locaux et une dynamique à l’échelle européenne.
4. L’école Cintra, dans le quartier du Raval à Barcelone, Cité interculturelle.
Le quartier du Raval à Barcelone, non loin du port, présente 55% de migrants. L’école de Cintra accompagne une cinquantaine d’enfants de la rue de 12-16 ans en donnant priorité à l’apprentissage de l’introspection pour rendre les enfants capables de « se mettre dans la peau d’autrui » et pour développer l’aptitude à l’empathie. Cette reconstruction personnelle est indispensable pour gérer l’interculturalité (déjà entre eux) dont la dimension religieuse ne peut être atteinte que si la personne se sent aimée et -d’abord- réconciliée avec soi-même.
A partir des notes de Pierre Dussère et de Fernand Jehl.  Strasbourg 4 mars 2017.

Fernand est membre de Jonas, groupe membre alsacien de Parvis, et organisateur du Rencontre de mai 2017 du Réseau européen Eglises et Libertés